Historique

L’implantation du travail de rue à Rouyn-Noranda résulte de la conjugaison de deux initiatives.

D’une part, la Table de concertation jeunesse de Rouyn-Noranda (composée de divers intervenants provenant de divers organismes jeunesse de la ville : Regroupement des chômeurs et chômeuses de l’Abitibi-Témiscamingue, Programme Jeunes volontaires, Centre ressources jeunesse, Secrétariat d’État à la jeunesse, CLSC Le partage des eaux, Référence jeunesse, La Piaule, La Soupape, Groupe de soutien à l’entreprise jeunesse et la Jeunesse Ouvrière Catholique) a mené, en 1989, une recherche-action visant à dresser un portrait des jeunes hors du milieu scolaire. Cette étude a mis en évidence l’absence de ressources et de services s’adressant aux jeunes gravitant en dehors des circuits institutionnels. Une des recommandations de cette étude suggérait l’embauche d’une ressource en travail de rue afin de rejoindre les jeunes dans leurs milieux de vie.

D’autre part, l’implantation du programme d’échange de seringues et services d’aide et d’information sur le sida (ESSAIS) en Abitibi-Témiscamingue par la Direction de la santé publique en 1993 a permis de constater que la consommation de drogues dépassait les estimations des intervenants et qu’il était nécessaire de concentrer les efforts dans le domaine de la prévention. La stratégie de réduction des méfaits qui sous-tend les programmes d’échange de seringues a été acceptée par certains intervenants, conditionnellement à la mise en place de ressources complémentaires pouvant aider à réduire la consommation de drogues par voie intraveineuse, notamment le travail de rue.

Une première expérience de travail de rue est tentée par le CLSC Le partage des eaux en 1989. Une travailleuse de rue est embauchée pour se rapprocher des jeunes et essayer de leur venir en aide. En raison de restrictions budgétaires, ce service est abandonné moins d’un an après son instauration.

Vinrent ensuite plusieurs années de rencontres où le dossier ne progressait pas beaucoup. Puis un partenaire s’est joint aux travaux de la Table de concertation jeunesse et a aidé à faire avancer le projet. En 1995, le travail de rue est implanté de nouveau grâce à la concertation de différents intervenants du milieu qui a menée à la création d’un organisme autonome responsable d’encadrer cette pratique : Arrimage Jeunesse.

Le souci d’éviter l’influence de certains organismes transparaît dans les règlements généraux d’Arrimage Jeunesse. En effet, à sa création, le conseil d’administration devait être composé de « onze membres : 2 personnes appartenant à la population 15-35 ans, 2 parents, 2 représentants d’organismes communautaires jeunesse, 2 représentants autres, 1 représentant des membres fondateurs ». Certains partenaires craignent qu’un organisme influence directement Arrimage Jeunesse. Aussi les démarches pour définir la composition du conseil d’administration visaient-elles à éviter la surreprésentation d’un organisme.

Depuis, les règlements généraux ont été changés et le nombre de membres du conseil d’administration est passé de 11 à 9 puis à 7, sans égard à leur groupe d’appartenance. Chaque administrateur vient en son nom personnel de façon bénévole et non pour son employeur.

Un nouveau travailleur de rue est finalement recruté à l’automne 1995, grâce à une subvention de Santé Canada et c’est en 1997 que la Régie Régionale permet un financement récurrent pour deux ressources en travail de rue.

Depuis, Arrimage Jeunesse a pour mission d’aider les jeunes de 12 à 30 ans à prévenir, réduire et, si possible, éliminer les comportements à risque pour leur santé physique et mentale.

Désormais, l’équipe d’Arrimage jeunesse est formée d’un travailleur de rue à temps plein et d’une coordonnatrice/travailleuse de rue Tous les deux offrent des services d’écoute et de support, d’information, de référence, d’accompagnement, de dépannage alimentaire d’urgence et de distribution de matériel de prévention. Équipés de leur sac à dos bleu, ils arpentent les rues de Rouyn-Noranda pour discuter et échanger avec les jeunes.

Comme l’essence du travail de rue est d’entrer en contact avec les gens et de créer des liens de confiance avec eux, le/la travailleurs/euse de rue offrent des services à toute personne qui en fait la demande, sans restriction sur l’âge, en ciblant les personnes les plus marginales ou les plus éloignées du système de santé et des services sociaux.

Source : Travail de rue à Rouyn-Noranda, une histoire de collaboration, Rapport de recherche août 2002, Régie Régionale de la santé et services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue, Direction de la santé publique, Arrimage Jeunesse.